Le dernier livre de Eve Lerner nous offre le 3ème mouvement d’une partition commencée en 2017 avec Faites battre vos candeurs où la colère avait l’élégance de ses fulgurances poétiques.
Ici encore, on retrouve cette rébellion contre « les maquignons du futur », qui confisquent le sens du réel par leur actions prédatrices et autoritaires. La pandémie a encore accentué cette privation de sens et de vie suspendue à la peur « qui saccage les jours et les nuits ».
Elle ne désarme pas, au contraire elle cherche à reconquérir un bonheur égaré sous la dictée d’une voix aux formules anaphoriques à la manière de Georges Pérec.
Une façon de tenir le malheur en joue pour gagner un peu de lumière dans un monde chaotique qu’il faudrait « envoyer aux travaux forcés ».
Dans ce désenchantement une rencontre amoureuse et le plaisir retrouvé du corps sont une épiphanie, loin d’une beauté devenue subsidiaire, brutalisée par le progrès et les puissants.
Un livre fort, dont la prose lumineuse contraste avec son pessimisme.
Alain Le Beuze
Revue ARMEN janvier 2025