” Il me frappe que Césaire, quand il développe l’approche littéraire d’un auteur, le fait avec précision : le cerveau semble se mettre en marche et pointe avec sûreté non ce qui est attendu mais ce qui est désiré : l‘amour a guidé sa vie et a innervé ses lectures, comme il a donné la force à sa propre écriture de rendre nouvelle sa légende “.
Hervé Carn qui, dit-il, voyage peu mais, à chaque fois, tombe amoureux de l’endroit qu‘il découvre, a conclu un séjour à la Martinique par une rencontre avec Aimé Césaire.
Il raconte avec émotion, avec tendresse, sa découverte des hommes et des lieux, sensible aux parfums, à la beauté des fleurs et des femmes, au majestueux mariage des terres antillaises avec la mer.
Et puis, tout à la fin, Césaire vint. Pour lui parler, beaucoup, en français, en créole, en latin, en grec, de l’Europe et de la France, de Senghor, de Breton, de Gracq. Parler de Gracq est justement ce qui ravit Hervé Carn, auteur d‘un ouvrage sensible sur le rugueux citoyen de Saint-Florent-le-Vieil.
C’est tout cela qui est évoqué avec simplicité ici, avec gravité là.
” Plus qu‘ailleurs, il est permis là de ressentir combien la terre, le sol, notre assise en quelque sorte, sont là sous l’effet de torsions, de suppurations, d’exsudations, d’exécrations des profondeurs. Macouba est magique comme un récit d‘André Dhôtel. “
L’ardenno-breton Hervé Carn ne s’est pas contenté de seulement regarder voler les colibris.
Claude Leheutre / Les amis de l’Ardenne n° 6 – 15 septembre 2004