Un roman qui dénote beaucoup de finesse et d’empathie de la part de l’auteur

Élevée par “Tantine”, une veuve d’âge mûr n’ayant jamais eu d’enfants, la narratrice n’a jamais connu son père, et sa mère (qu’elle appelle « Thérèse » plus facilement que « Maman ») n’a pas assuré son rôle.

Ses relations avec cette dernière sont chaotiques, malsaines.

La fillette, vis-à-vis de sa mère qui tantôt la néglige, tantôt la recherche pour la rejeter ensuite, est constamment dans une position humiliante d’attente, de demande.

Son enfance, sa jeunesse ont été marquées par les non-dits, les carences affectives, et même les abus sexuels.

Non seulement les fiancés de Thérèse ne sont pas des gentlemen, mais elle-même n’a pas les idées claires sur ce qui est normal ou non entre une mère et sa fille.

Et, obstinément, elle se refuse à lui révéler qui est son père…

 

Comment grandir et se développer normalement dans ces conditions ?

Excepté Tantine qui l’aime sincèrement, l’entourage de la narratrice semble la rejeter et prendre prétexte de son mal-être (pourtant aisément compréhensible…) pour la rejeter dans la même catégorie que sa mère : une folle, qu’on méprise, qu’on veut enfermer…

 

Même la mère, pourtant effroyable, finit par inspirer la compassion.

Elle est clairement déséquilibrée et toxique. Elle ne peut que susciter le malaise.

Mais quand et comment a-t-elle basculé ? Elle aussi a, à un moment, été rejetée par ses parents, et qui sait s’ils ne sont pas en grande partie responsable de son égarement ?

Qui peut dire si Thérèse n’a pas joué le rôle de bouc émissaire au sein d’une famille dysfonctionnelle soucieuse de respectabilité, et trop heureuse de se décharger sur elle de tous ses petits secrets honteux.

 

L’auteur choisit de ne pas trop en dévoiler, laissant le lecteur à ses questionnements, et la narratrice à son désarroi. D’où une fin quelque peu abrupte…

 

Un roman volontairement choquant, mais qui ne verse ni dans la provocation gratuite, ni dans le misérabilisme ou l’indignation surfaite, et qui dénote beaucoup de finesse et d’empathie de la part de l’auteur.

 

Publié le 31 janvier 2014 par Schlabaya

http://leblogdeschlabaya.blogspot.gr/2014/01/nathalie-de-broc-la-tete-en-arriere_30.html