Retrouver l’aube partout, partout, partout, c’est une façon de vivre.
Reconstituer la naissance dans tout automne.
Faire resurgir l’éruption de la première fois. Car il n’en est pas d’autre.
Naître.
Pascal Quignard
J’ai connu Lydie Arickx par ses tableaux.
Ses immenses toiles traversées de lumière, de vagues, de nuages, d’enlacements, de naissances et de morts, de métamorphoses. De couleurs éclatantes et de pénombre. Un monde merveilleux et terrifiant. Avant les mots.
Quand le souffle se fait voix.
Quand la plainte se fait langage.
Quand surgit l’attente de la première rencontre, du premier lien :
« Que ma première connaissance soit de toi », dit Emily Dickinson,
« Dans la lumière chaude du matin –
Et ma première crainte, que l’inconnu
T’engloutisse dans la nuit – »
Puis j’ai rencontré Lydie Arickx. Et j’ai découvert une femme rayonnante de vie, de joie, d’énergie, de tendresse, de bonté. D’innocence et de sagesse.
Vivant dans une maison baignée de lumière, au bord d’un étang, au milieu des oiseaux.
Et un peu plus loin, autour de son atelier, ses sculptures monumentales, massives, fragiles, poignantes.
Un jour, elle chancelle.
Nous vivons est le récit de sa chute et de sa renaissance.
Un chant.
Un chant d’amour à la Nature – natura, ce qui est en train de naître, ce qui, en nous, et autour de nous, est continuellement en train de renaître.
Ce miracle permanent du retour du printemps, année après année, du resurgissement de l’aube, jour après jour, du bonheur après la peine, de la sérénité après la peur.
La montée de la sève. La force de créer, encore et toujours.
L’émerveillement toujours renouvelé de pouvoir continuer à donner, partager et recevoir.
Nous vivons est un éblouissement.
Un murmure. Un souffle.
Un chant d’espoir.
Une célébration de l’inépuisable splendeur de ce que nous appelons la réalité.
Et de cet étrange voyage qui n’a, pour nous, ni commencement ni fin, au long duquel nous ne cessons de nous transformer, de nous métamorphoser, de nous ouvrir aux autres, de nous réinventer.
Jean Claude Ameisen