Créées il y a 10 ans, les éditions Diabase, basées à Plancoët, publient d’excellents livres de littérature. Des romans ou des récits remarquables par la qualité de style, la finesse de la narration et la sensibilité des auteurs.
Coïncidence ? Deux écrivains de à maison viennent de publier des romans ayant pour point commun la mort d’une mère. Deux textes sobres, denses et poétiques qui méritent une mention particulière.
– L’arbre au vent par Marie-Hélène Bahain.
Près d’une rivière et d’une ancienne porcherie, vivent, dans une vieille caravane décrépite, une mère et son fils. Norbert, plus con-nu sous le nom de Le Bérot, un être simple, frustre, un bon à rien qui « mène l’existence la plus rétrécie qui soit » et qui trouve refuge quand la colère le prend, dans les branches d’un arbre. Mais le jour où il s’aperçoit que sa mère, malade, est partie chez un autre de ses fils, Norbert est désemparé, perdu. Un soir d’orage, Le Bérot part rechercher sa mère et la ramène dans une ancienne maison de meunier où elle va mourir. Ce marginal, qui n’a pas de mots à sa disposition pour s’exprimer, va pourtant, par ses gestes et sa sollicitude, révéler la profondeur de ses émotions et de ses sentiments.
Un livre magnifique de subtilité.
– Un linceul de neige par Jacques Delval.
Un soir d’hiver, une dame de 90 ans, lasse de la vie, sort de sa maison, prend une chaise longue dans la remise et s’y étend alors que la neige tombe. Prévenu par la femme de ménage, qui l’a retrouvée morte au matin, le fils arrive aussitôt. Repassent alors dans sa mémoire des épisodes familiaux, certaines confidences de sa mère. Surgissent aussi des interrogations. Il s’attache à retrouver les carnets que tenait sa mère, l’hôpital où elle avait accouché quelque 65 ans plus tôt, des lettres d’amour écrites à un homme pendant la Seconde guerre mondiale – son père, prisonnier en Allemagne ou bien… ? Des découvertes qui ne font qu’accentuer ses questionnements…
On lit d’une traite le livre de Jacques Delval, non seulement parce que l’auteur sait maintenir intact l’intérêt du lecteur, de la première à la dernière page, mais aussi pour son écriture et la façon qu’il a de mêler, avec naturel, réalité et scènes oniriques.
Une grande réussite.
Yves LOISEL / Le Télégramme 17.10.2005