En racontant son quotidien dans un livre en 2009, cette habitante du Mont-Dol a offert aux curieux un autre regard sur la campagne. Elle récidive avec la belle histoire de Jean le sourcier.
Avant, on la voyait comme une marginale. Maintenant, elle passe pour une originale.
Marie-France Brune n’en a cure. Ce qu’on pense d’elle, c’est le cadet de ses soucis. Levée avant le jour, couchée bien après ses poules, la fermière s’active dans l’étable comme aux champs. Une des vaches a l’air d’ailleurs de s’impatienter.
« Il y a toujours quelqu’un qui parle dans cette maison », s’amuse cette habitante du Mont-Dol, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Malo.
Le monde à l’envers
Ne dites pas à la Bretonne qu’elle vit seule et loin de tout. Ses nombreux animaux et visiteurs rythment les journées et elle est la première à remonter le moral de ceux qui n’ont pas la pêche. « Moi, je trouve que je vais à l’endroit et que c’est le monde qui tourne à l’envers ! », poursuit-elle, les deux pieds dans la terre.
Et j’irai voir la mer à vélo, publié en 2009, est le premier livre que le public a découvert avec surprise. Marie-France écrit depuis toujours. Le hasard des rencontres a mis une journaliste d’Ouest-France sur son chemin. Elle lui a confié un morceau de son journal de bord.
« Avec ce livre en librairie, j’ai vu des regards changer. Les gens se sont dit que j’avais de l’instruction », commente celle qui a dû quitter l’école à peine adolescente pour aider ses parents à la ferme. Le récit de sa vie quotidienne et son attachement aux gitans qui ont leur base sur le terrain mitoyen, c’est un autre monde qui se révèle aux lecteurs.
Aujourd’hui, Marie-France est de nouveau dans l’actualité avec Le passage d’un oiseau sauvage.
Elle y dévoile le destin peu commun de son arrière-grand-père Jean le sourcier. Né en 1880, le gamin en sabots va partir au service militaire, se retrouver chez une comtesse allemande dont il deviendra ami, avant de revenir vivre au Mont-Dol.
« Il paraît qu’on se ressemble »
« Son histoire, elle est en moi depuis toujours. Lui qui ne savait pas écrire, il a vécu des choses incroyables mais au fond, il est resté le même », admire sa digne héritière.
Gamine, elle harcelait sa famille pour tout connaître du « capitaine », comme tout le monde l’appelait. « Il paraît qu’on se ressemble. Notre rapport à la nature est très fort, l’amour des animaux, des intuitions… », confie la fermière.
Il était sourcier et respecté pour ses multiples connaissances.
L’écrivaine rassemble en moins de 150 pages toute la force tranquille qui émanait de cet homme.
« J’ai envie de montrer qu’on peut vivre avec peu et que, même si on a beaucoup de travail, il faut prendre le temps de tout. »
Karin CHERLONEIX / Ouest-France 09.08.2015