Il y a d’abord la définition de l’harmonie donnée par Apollon :
« Elle saisit les contraires à la gorge jusqu’à ce qu’ils crachent leur subtil accord. »
Chiron est habité par la dualité entre l’un et le multiple, la nécessité et le hasard, l’identique et l’étrange(r).
Elle est sa souffrance et sa grandeur.
« Comme un balancier fou, moi si amoureux et si convaincu de l’existence d’une Beauté à vénérer, d’une Vérité à atteindre, d’une Bonté à soutenir, je traverse une frontière invisible, et maintenant m’attirent l’affreux, l’inachevé, le bizarre, l’estropié, le corrompu. »
La prose de Cypris Kophidès est si poétique !
Et comme sa morale de l’abandon au monde – étape essentielle de l’apprentissage de Chiron – nous parle ! C’est l’amor fati de Nietzsche. C’est la sainteté selon la définition qu’en donne Leonard Cohen dans Les Perdants Magnifiques : le saint n’a pas l’orgueil de chercher à dissoudre le chaos, il s’abandonne avec humilité au hasard.
Jean-Baptiste Arnaud