Ne manquez pas ce bref et très beau récit, plein de silences et de compassion juste.
Marie-Hélène Bahain, qui vit dans la région nantaise, se met dans la peau d’une femme brisée : moche, alcoolique, fauchée. Evelyne avance au radar, se laisse aller. Déjà trois de ses enfants lui ont été enlevés.
Mais il y a Lili, la petite dernière. Rarement, il a été donné à lire avec des mots si vrais l’espèce de fusion désespérée et chaude entre une mère et sa petite. Cette force-là n’empêche pas l’inexorable.
Dans le hameau, la méchanceté rôde autour d’Evelyne : on tue son chien, sa mère lapine. Elle ne peut s’en sortir, Évelyne, de cette fatalité du pire, de ce viol ancien qu’elle a subi, de cette haine de soi. La langue est précise, sans ornements.
Elle restitue l’univers mental dévasté d’Évelyne, les errements de ses sens, sa solitude sans issue. C’est bouleversant et fort comme un sanglot retenu.
Georges Guitton > Οuest-France Dimanche 21 mars 2004