C’est très réussi. C’est profond, cruel et bouleversant.

C’est très réussi. C’est profond, cruel et bouleversant.

Le récit, dans sa noirceur même, marquera tout lecteur. Malgré la densité des phrases et le poids de chaque mot, il se lit d’une traite. C’est un fil tendu à l’extrême du début à la fin. Il ne se relâche jamais, il ne vous lâche jamais. Au contraire, et c’est cela la réussite de la narration, de dévoiler en permanence un épisode inattendu qui redonne un coup de tension supplémentaire. On est happé, d’autant plus que les maillons de l’histoire surgissent sans que l’on s’y attende (il y a une belle habileté chez Elisabeth Laureau-Daull à poser ces nouveaux cailloux sans en avoir l’air). On se demande où cela va s’arrêter et c’est trop vite fini.

 

Sur le fond, l’histoire réjouit car elle est tout sauf conventionnelle surtout sur ce thème rebattu du retour des camps.

 

Elle est audacieuse: une mère peut ne pas être maternelle, une épouse peut ne pas être aimante, une déportée peut ne pas être (totalement) victime.

 

Il fallait oser nous mettre en empathie avec un destin de femme aussi incroyable.

On sort de tout cela hébété.

 

Elisabeth Laureau-Daull  a « assassiné » tout le monde. La famille est un champ de ruine. Le récit aide à comprendre la personnalité hors norme de l’héroïne et ce manège mortifère où rien ni personne ne peut survivre. C’est évidemment une vision sombre. Elle est cohérence.

 

Elisabeth Laureau-Daull avait la matière d’un gros livre. Elle a préféré l’épure. C’est le style de l’émotion maximale, sans boursoufflure ni emphase. Efficacité garantie. Esthétique au sommet.

 

Georges Guitton / 21-01-2018