C’était un dandy qui avait le goût de la provocation

« Corbière n’a pas la place qu’il mérite »

 

Une bibliothèque, un lycée… Certains ne connaissent Tristan Corbière que par son empreinte dans la vie morlaisienne.

 

Catherine Urien, elle, est tombée sous le charme de ce poète durant sa jeunesse, même si elle vouait une plus grande admiration à Rimbaud. Aujourd’hui, elle consacre un ouvrage à Corbière en nous entraînant dans son pays, en baie de Morlaix.

 

Catherine Urien a enseigné la littérature française et latine jusqu’en 2015. « En parallèle de mon métier de prof, j’ai toujours écrit », assure la Morlaisienne.

Elle y consacre aujourd’hui davantage de temps, depuis qu’elle a quitté les bancs du lycée. Boulimique de lecture, elle a commencé par écrire de la poésie, donnant naissance à plusieurs recueils. « Je n’ai pas publié énormément d’ouvrages ».

 

« J’étais beaucoup plus fascinée par Rimbaud »

 

Ses premiers pas avec Corbière remontent à ses 17 ans. « Je le trouvais extrêmement violent.

À l’époque, je n’ai pas perçu la richesse de ce poète. J’étais beaucoup plus fascinée par Rimbaud », se souvient Catherine Urien.

Qu’importe ce désamour de départ, aujourd’hui, elle lui redonne ses lettres de noblesse en livrant un récit où la fiction côtoie la réalité. « Jean-Luc Steinmetz a déjà consacré une biographie à Corbière, en 2011. Et il disait que les journées du poète à Morlaix et à Roscoff restaient à inventer… ». D’où l’idée de ce périple dans la baie de Morlaix.

 

« C’était un dandy qui avait le goût de la provocation »

 

Dix années auront été nécessaires pour donner vie à ce récit.

À chaque fois, le regard de Catherine Urien s’illumine en évoquant son personnage, qu’elle qualifie de « contradictoire ». « Il se faisait passer pour quelqu’un de laid, mais en même temps, c’était un dandy qui avait le goût de la provocation ». Rapidement, à l’âge de 14 ans, il a eu pleinement conscience qu’il allait mourir très jeune, se sachant condamné par la maladie. « Il a essayé de vivre dans l’urgence ».

Dans son livre, Catherine Urien a voulu entrer dans sa conscience. Et elle relate sa vie à la façon d’un journal de bord. « On le voit avec les peintres à Roscoff ou en 1870, lorsqu’il rencontre une actrice italienne qui sera la femme de sa vie ».

 

« Quelqu’un d’attachant »

 

Un seul recueil de poésie, « Les Amours jaunes », aura permis au jeune auteur de se faire un nom.

 

« C’est quelqu’un d’attachant, qui n’a pas eu la reconnaissance qu’il mérite ».

Aujourd’hui, Catherine Urien tente de réparer cette injustice.

Elle qui a donné son tout premier cours de français au lycée… Tristan-Corbière.

 

Le Télégramme 14.05.2017