Cruel, sombre et bouleversant.

Dans son grand appartement encombré par les détritus, la vieille dame recluse ne vit plus que pour sa peinture morbide et la boisson. Elle soliloque, ressasse jour après jour l’inventaire des dates et lieux de sa vie difficile, imagine que son enfant, sa fille rebelle, perdue, revient et exige qu’elle lui raconte enfin son passé, l’exil familial à Paris, la déportation, le retour…

 

Un drame récurrent, de mère en fille sur trois générations de femmes qui ont choisi de ne pas parler du passé, scellant leurs secrets intimes dans la volonté de l’oubli ou dans la mort.

Folie ou désespoir. Egoïsme, insensibilité, ou tentative désespérée de se protéger d’une fatalité.

Les traumatismes hérités, vécus, transmis sont encore plus dévastateurs quand ils sont enfouis pour être occultés.

 

Dans un récit très court, tendu et dense, Elisabeth Laureau-Daull adopte un ton original et poignant qui tranche sur les nombreux témoignages de survivants des camps de la mort.

Partant du portrait à charge d’une femme rompe, mauvaise mère, mauvaise épouse, la construction habile instille à petites touches une empathie paradoxale pour un personnage destructeur.

 

Cruel, sombre et bouleversant.

 

Notes bibliographiques / Bibliothèques Pour Tous