Pour le quarantième anniversaire de la mort de Georges Perros, le Quimpérois Gérard Le Gouic rend hommage à celui dont il fut l’ami.
Il y a environ quarante ans, le 24 janvier 1978, Georges Poulot, homme de théâtre, immense lecteur et poète de très haute lignée, sous le nom de plume de Georges Perros, disparaissait. Le plus bel hommage qui lui a été rendu cette année fut la publication de ses œuvres complètes dans la collection Quarto de Gallimard.
Souvenirs égotistes
Avec le présent opuscule, son confrère quimpérois Gérard Le Gouic vient probablement, sauf surprise de dernière minute, de fermer la parenthèse commémorative.
Par ce qu’il contient d’égotiste et d’un peu exhibitionniste, ce récit d’une amitié entre un écrivain qui refusait la célébrité et le débutant des lettres qui, en mouche du coche, rêvait déjà de cette gloire fragile que confère l’acronyme NRF sur un livre, « Au pays de Georges Perros » est parfois un peu agaçant.
Le Gouic ne s’en cache pas, et cette honnêteté est à son honneur : l’auteur des « Papiers collés » pouvait avoir la dent dure, le mot vachard et l’amitié sans complaisance. Gérard Le Gouic en fit certainement les frais, au point de raconter le plus terrible acte manqué de leur relation : l’incapacité à rendre une dernière visite à son ami qu’il suppose pourtant condamné par la maladie.
Anecdotes bouleversantes
Mais on ne saurait réduire l’ouvrage à ce travers « nombriliste » de bien des écrivains. Car le Quimpérois a vécu des moments de première force et l’on est, par exemple, bouleversé par le récit qu’il donne des obsèques de Perros, sous la pluie, dans le cimetière marin de Tréboul.
À travers ces pages embuées d’émotion et de nostalgie, il fait « tourner les tables » et redonne vibration à Xavier Grall, René Pichavant, Tania, la femme du poète, ou encore Henri Thomas, ces figures qui composaient le paysage affectif des derniers temps de l’écrivain.
Pour ces regards, ces notations, parfois impudiques, souvent émouvantes, on gagnera à arpenter ce « Pays de Georges Perros » hérissé d’amers qui ont pour noms la pauvreté, la solitude, la mélancolie et, parfois, l’incompréhension, voire l’hostilité de certains de ses contemporains.
Gérard Le Gouic, lui, aimait profondément cet homme si singulier, et il le dit sans compter, sans se ménager.
Le Télégramme / Lettres-bretonnes / 22-11-2018