Entre récit initiatique et conte philosophique

Tout cet été sélection de grands romans pour la jeunesse dans Les Enfants des livres ; aujourd’hui Le Babiroussa de Pierre Fournier.

 

Une histoire qui se mérite, dans tous les sens du terme ; d’abord vous devrez la mériter si vous voulez tout simplement la lire, elle n’est pas publiée par un de ces gros éditeurs qui peuvent inonder toutes les librairies du pays mais par la maison Diabase, dans la collection Liens et résonance ; vous devrez donc probablement le commander.

Ensuite, notre Babiroussa se mérite car il n’est pas donné à tout le monde de percevoir son existence.

 

C’est d’ailleurs par hasard que le narrateur, Pierre, fait la connaissance de cet étrange animal, qui va l’emmener dans une île indonésienne en compagnie du jeune Jules.

 

Jules, qui comme des milliers d’enfants dans le monde, 100.000 peut-être, tous roux, a reçu le message du Babiroussa.

 

Quel message ? C’est le troisième mérite dont vous devrez faire preuve : ce texte oscille entre récit initiatique et conte philosophique mais il n’impose aucune conclusion, aucun credo : à chacun de se débrouiller avec les enseignements de cette quête de sérénité et de réconciliation.

 

Là où il ne vous faudra aucun mérite, c’est pour plonger dans le récit, une écriture élégante et recherchée mais jamais ampoulée, une richesse de construction et de matériaux littéraires qui ne trouble jamais la compréhension, et une galerie de personnages merveilleux – un griot africain, des enfants italiens, norvégiens et indonésiens qui expriment tous la formidable capacité d’émerveillement de l’enfance, une infirmière au grand coeur, un médecin et des magiciens ; ce Babiroussa est un petit bijou dont on se transmet le secret de bouche à oreille, et dont les harmoniques vous accompagnent longtemps après avoir tourné la dernière page. Comme un charme, comme un envoûtement, comme si le Babiroussa vous tenait en son pouvoir.

 

France Info / dimanche 25 juillet 2004