Murmure intérieur

Les éditions Diabase, à Plancoët, nous avaient déjà donné, il y a quelques mois, un très beau récit : « Les sandales de Thérèse » de Jacques Delval.

Elles publient à nouveau un bref roman – le premier de Marie-Hélène Bahain – qui est également d’une très bonne facture.

 

« La trouée bleue » est le monologue d’un fils, Alain, qui, deux fois par semaine, se rend à l’hôpital auprès de son père, un homme en fin de vie qui ne peut plus parler.

 

Ce qu’il y a d’original, dans ce récit, c’est l’absence de ponctuation : et pourtant, grâce aux intonations, que l’on perçoit très bien, au rythme des phrases, le lecteur ne perd jamais le fil du discours.

Devant son père muet, Alain raconte, fouille sa mémoire, se vide du trop plein de non-dits accumulés au fil des années :

 

« La force qui me permet de te parler de te dire ce qui habituellement ne se dit pas depuis le début je cherche d’où elle vient elle est née ici elle a pris les mots que l’on se dit à soi ceux du murmure intérieur les mots parfaitement libres ».

 

Page après page, le lecteur déroule ainsi les liens passionnels, fusionnels, qui unissent Alain à son père.

Alain qui sait qu’il suivra de près celui-ci dans la mort…

 

Un récit fort et émouvant qui révèle chez l’auteur des qualités littéraires certaines.

 

Yves Loisel / Le Télégramme – 4 avril 2001