Quel bonheur que cette lecture !

Quel bonheur que cette lecture !

Quelle élégance facétieuse dans cette écriture !

Quelle maîtrise des différents niveaux de narration !

 

J’y perçois le poids de réalités qui appartiennent à la personne derrière l’auteur, transcendés par cette aisance, cette allure dans l’écriture de l’auteur. Les mises en abyme, les différents niveaux de narration y sont magistraux.

Derrière cette charpente de maître, il y a le ciment unificateur de l’écriture.

Un style fluide, à la fois emprunt de classe dans le vocabulaire – riche, précis, juste- et de simplicité dans la syntaxe. Une sorte d’alliage qui n’appartient qu’à lui. Et lui permet de jouer sur toute la gamme des registres; humour, malice, gravité, suspens.

 

Les évocations d’épisodes de la guerre d’Algérie y sont spécialement magistraux par exemple ; des tableaux d’une concision dramatique, sans jamais que le ton se départisse de son élégante légèreté.

Ne pas peser sur le lecteur sans rien lui enlever de l’horreur absolue des évènements. Quelle maîtrise. Peu d’auteurs sont capables de ce funambulisme littéraire sans basculer. Hervé Jaouen s’y déploie avec une aisance incroyable.

 

Quand à l’humour, cet humour plein de raffinement, de distinction, de sensibilité, qui jamais ne déborde non plus, j’y perçois une forme d’auto dérision à l’anglo-saxonne. Cela pétille à chaque page, chaque phrase, comme un verre de cidre versé généreusement au lecteur. Cidre brut, charpenté, de caractère, mais versé dans des proportions qui ne saoulent jamais, laissent juste euphorique. (J’avoue, je me laisse aller dans la métaphore…)

 

J’ai franchement souri à la peinture du couple de “seniors avenants”. Spécialement sur la phrase “(…) ils auraient pu postuler comme mannequins auprès d’agences spécialisées dans le senior avenant.”

 

Isabelle Blondet-Hamon 20/07/2018