Un homme qui « jaugeait la vie en spectateur plutôt qu’en acteur »

« Dans le petit monde des poètes bretons, nous avons tous connu le même Georges Perros », écrit le poète Paol Keineg.

 

Une phrase qui a inspiré, à Gérard Le Gouic, ce bel opuscule. Son livre s’ouvre sur ce jour de janvier 1978 où plusieurs écrivains bretons se retrouvent, sous une pluie battante, à l’enterrement de Perros à Douarnenez.

 

Dans ce chapitre, on retrouve la belle écriture de Gérard Le Gouic, son style précis et si poétique.

Près du petit cimetière, Pierre-Jakez Hélias suit le trajet de la voiture mortuaire qui mène la dépouille de Perros de Rennes à sa dernière demeure.

À plusieurs instants, écrit l’auteur, « j’ai pensé au Tour de France. Georges Perros rédigeait des chroniques sportives pour le Télégramme, qu’il signait Georges Proser ou François Rosmeur ».

Le cortège funèbre arrive enfin et l’auteur remarque Tania, épouse de Perros. « Elle était verte de fatigue, rouge de chagrin ».

Il raconte ensuite la réunion au Café de la pointe. Un solide grog réchauffe tout le monde et marque le début de l’après Perros.

 

À l’heure des souvenirs, Gérard le Gouic raconte ses rencontres avec le poète installé à Douarnenez :

 

« Il m’impressionnait beaucoup. À chaque fois qu’il passait à Quimper, il ne manquait jamais de venir me saluer dans ma boutique de la place Saint-Corentin… Dans mes chroniques, mes courriers, je ne manquais jamais de citer l’auteur de « Papiers Collés » et d’« Une vie ordinaire » ».

 

Il trace de Perros d’émouvants portraits comme celui qu’il dresse lorsqu’il le voit sur la plage « la pipe dans une main. Je ne l’ai jamais connu la pipe entre les dents… Il shootait dans les cailloux. À contre-jour, j’ai eu l’impression qu’il sortait de la mer ».

 

La lecture terminée, on connaît un peu plus cet homme qui « jaugeait la vie en spectateur plutôt qu’en acteur ».

 

Éliane Faucon-Dumont / Le Télégramme 11.11.2018