Un huis-clos tendu où les sentiments sont à fleur de peau

Après L’Arbre au vent paru en 2005, Marie-Hélène Bahain, auteur du Pays de Grand-Lieu, nous plonge dans l’histoire sans paroles ou presque dun couple à la vie ordinaire.

D’eux, on ne sait pas grand chose. Tout juste apprend-on le prénom de l’épouse, Agnès. C’est autour d’elle que se concentre l’oeuvre. Et se cristallisent les sentiments. La mer, le grondement des vagues, la maison, voilà pour les décors.

La relation fusionnelle de cet homme et de cette femme est au centre du roman. Lui, mène une vie tranquille de salarié qui part le matin et revient le soir. Elle, ne travaille pas.

 

Au coeur de ce huis-clos tendu où les sentiments sont à fleur de peau, elle note jour après jour ses pensées les plus secrètes dans son journal intime. Un simple cahier qu’elle s’évertue à cacher. Comme si elle franchissait avec cet objet, l’interdit. Celui des mots.

 

Car ce roman très introspectif est lourd de silences, entre lhomme et la femme, et entre le lecteur et ce couple.

La communication entre ces deux êtres semble impossible et les rares occasions de prises de paroles tournent vite court :

 

« A ce moment-là il aurait souhaité sans doute quelle parle, énonce quelque perspective… » ; « Et déjà, elle regretta sa question (…) Elle voulut reculer, revenir en arrière, effacer les mots… ».

 

Les interrogations sont nombreuses : cet amour est-il en train de s’éteindre ou peut-il renaître de ses cendres ?

Dès le début de l’ouvrage, les indices distillés au fil des pages nous éclairent.

Comme en écho à leur propre histoire, Les scènes d’enfants de Schumann, jouées au piano, accompagnent le dénouement de cette histoire d’amour sur le déclin.

Et seuls les mots, tant redoutés mais enfin livrés, auront le pouvoir de libérer ces deux personnages, pris au piège de leur passion.

 

Stéphane Rouzeau