« C’est un texte étrange que celui-ci » dit l’auteure. « Ce court récit » indique l’éditeur sur la 4ème de couv.
En fait, ce livre est composé de petits rectangles de prose précise et dépouillée, un peu tremblante, guère plus longs qu’une page.
C’est un monologue (comme déjà le premier roman de M H Bahain, La trouée bleue, chez le même éditeur) qui raconte une histoire : Elytre, (la Lectrice, la Narratrice – des fois, elles ne font qu’une, des fois elles s’écartent), donc Elytre veut épouser le Livre (ici : Leçon de choses de Claude Simon, éd Minuit) sur l’autel de la Lecture (waouh ! la métaphore!), mais le Trouble (nommé Epsilon) comme un amant avide que la Narratrice-Lectrice repousse « Merci Epsilon, aujourd’hui tu t’es tenu à distance. J’ai pu lire dix-huit pages sans que tu viennes me visiter » en le désirant « Epsilon, tu vois de nouveau je t’appelle» vient s’interposer entre la lecture et la lectrice.
Il fait sa chair du livre, le phagocyte. Puis profitant de la moindre faiblesse de la lectrice, il prend possession d’elle « Tes bras autour de moi, ton torse doucement arqué, le mien à l’intérieur ».
Cela donne un livre très sensuel, près du corps.
Il fait penser à la tradition des Débats (Débat de Folle et d’Amour de Louise Labé) et je vous laisse chercher la conclusion.
Drôle de texte, décidément, auquel on pense de plus en plus : en vrai, chaque fois que l’on se prend en flagrant délit d’avoir décroché d’un texte pour suivre ça, ce… qui grâce à M H Bahain a maintenant un nom : Epsilon.
Christian Degoutte / REVUE VERSO – n° 113 mai 2003