Gérard Bessière nous confie aujourd’hui le présent de sa quête. En l’hiver de la vie, ce temps de solitude vive, se détachent des profondeurs de la mémoire les figures très aimées, celles qui habitent le cœur, et aussi un monde obscur, parfois tumultueux. Emergent également ces amis familiers et bouleversants que sont certains livres. Fraicheur intacte des souvenirs.
Dans ses derniers « vagabondages intérieurs » comme il les appelle, demeure son regard d’humanité profonde curieux de l’énigme d’un visage – un peu d’intime s’y devine ou s’échange-, attentif à une rivière, une fleur, un chat… L’exégète et le poète prennent tour à tour la parole.
Sa réflexion cherche à ôter tout ce qui peut la contraindre, il se tient sur une ligne de crête : appréhender l’apport des connaissances scientifiques, sans jamais lâcher le sensible. Observateur lucide, il examine les actes conditionnés par des structures dominantes fussent celles de l’église, par des conventions humaines qui font le jeu des pouvoirs, et masquent le message spirituel.
Il perçoit les hésitations intérieures et travaille à être au plus près de la vérité de l’âme et du cœur. Travail d’élucidation continuel. Vérité du doute, liberté de la foi. C’est de cette liberté dont il s’agit, une liberté qui le mène à l’extérieur de l’institution, mais le fait demeurer à l’intérieur de l’Eglise « si l’on appelle Eglise ce ferment actif sous tant de formes. »
Ses interrogations se fondent maintenant en un seul questionnement : le Mystère qui nous constitue. Une interrogation essentielle, puissante, colorée d’une sérénité qui vibre d’une lente acceptation de la non-réponse.
A la fin d’une vie, quand s’effacent les perspectives, quand le monde visible perd de sa toute puissance et que brillent l’espace intime et l’Ouvert, l’interrogation s’affirme comme calme posture face au vide. Contemplation de la présence de feu de Jésus.
Ce cheminement intime avec Jésus devient aussi notre compagnonnage. Un compagnonnage qui lie interrogation et liberté, sensibilité et poésie, amour et respect de l’humain. Au seuil du silence.
Cypris Kophidès