Un très bon roman

Que reste-t-il de nos amours ?

 

Roman relativement ancien d’Hervé Jaouen que je découvre.

Pour présenter ce livre, Hervé Jaouen a mis en exergue un extrait du roman « Les années de chien » de l’auteur irlandais Aidan Higgins.

 

Étienne Deville jouissait d’une certaine notoriété comme journaliste. Il avait également écrit quelques ouvrages concernant la vie de sa commune et de ses environs.

Pour célébrer ses cinquante ans de mariage avec Louise, il décide de revoir, de réécrire, de corriger, le manuscrit d’un roman qu’il avait commencé dans sa lointaine jeunesse.

Ce texte semble fortement autobiographique. Il concerne un homme « Lov », poète insouciant, trois femmes « Thalie », « Muriel » et « Livia » une belle Italienne de passage. Il y a aussi un intrus « L’Interne » !

Lov est un séducteur, il est fou amoureux de Thalie, mais la fidélité n’est pas dans ses habitudes. Il séduit Muriel, et annonce à Thalie qu’il l’aime de trop. Dorénavant ils seront comme frère et sœur !

Il fait la connaissance de Livia, magnifique Italienne défendant farouchement sa virginité !

La jeunesse se passe…

Des années plus tard, nous retrouvons un couple, Louise et Etienne, un vieux contentieux les oppose parfois, une visite dans une boîte de nuit de la campagne bretonne ravivera-t-elle la mémoire de Louise ? Anémie feinte ou réelle ?

 

Peu de personnages, un trio amoureux, plus une femme et un homme et entre eux des années de vie !

Une présentation très originale, deux époques : La jeunesse avec un narrateur et des narratrices, en textes séparés par une ligne de tirets et l’époque contemporaine, où Étienne est le seul narrateur.

 

Un très bon roman un peu en marge des ouvrages habituels d’Hervé Jaouen, bien qu’il se passe en Bretagne. Une réflexion sur la jeunesse, notre jeunesse durant les années 1960, la joie de vivre, le service militaire mais pour certains la guerre d’Algérie.

Que nous reste-t-il de cette époque, à part des souvenirs épars ?

 

 

Extraits :

 

– Dansons. Retiens la nuit, ânerie. La tempe de Muriel est brûlante.

– Toute la nuit, Elle écouta le chant de ta vieille Underwood. Tu étais la sirène, elle était le marin.

– C’est l’heure où l’on met les souvenirs à sécher sur les fils de la vierge.

– Il ne peut plus te tromper avec Muriel puisque vous n’êtes plus que frère et sœur. Et qu’il adore son Italienne.

– Ils avaient les mêmes goûts, partageaient tout, y compris, et surtout, le silence à l’abri duquel chacun gardait ses secrets, ce ciment nécessaire à l’édification de l’harmonie.

– C’est la faute de Lov, il me tenait la tête sous l’eau, l’Interne était ma bouée de sauvetage.

– Dans l’encadrement de la fenêtre, soudain le soleil des aveugles et nielle leur corps d’ombres secrètes, là où la chasteté n’a plus cours.

– Ils roulaient au ralenti à travers une plaine fertile en lissant les noms bretons des fermes sur les panneaux indicateurs. Étienne les traduisait en français.

 

Yvon Eireann

18/12/2023