Une histoire à lire dans la plus grande intimité

Les mots de Nathalie de Broc se voient même lorsqu’elle écrit l’absence, l’insaisissable.

 

De cette écriture sobre et descriptive naît le portrait d’une relation : celle d’une mère et d’une fille.

Un lien inachevé que la narratrice tente de faire revivre, une quête inassouvie qu’elle poursuit depuis son plus jeune âge.

 

“Chaque fois qu’elle venait me voir le dimanche, elle dormait. Chaque premier dimanche du mois. Je la regardais dormir. Je trouvais ça… interminable. Elle se couchait sur le petit lit d’appoint dans un coin du salon, après le déjeuner, s’enveloppait dans une couverture, s’enfouissait dessous…”

 

“Elle” c’est Thérèse. Une mère légère, folle, aimante, indifférente, une mère souvent ailleurs que la narratrice ne peut pas appeler maman.

Une impossibilité à dire ce mot plein de l’amour toujours contenu.

 

Ce texte délicat raconte cette douleur et laisse aussi le silence s’installer entre les lignes.

De là naît l’émotion.

 

Dans ce roman, aucune certitude ne jaillit, pas de happy end non plus, juste une jeune femme en devenir qui tente de trouver l’amour maternel et le secret de ses origines.

Un drame intime, deux portraits magnifiquement dressés pour une histoire qui tend à l’universel : la reconnaissance filiale, la construction d’un être, la liberté d’être soi.

 

L’histoire d’une vie, prenante, intense, à lire dans la plus grande intimité, à partager ensuite.

 

Gaëlle Pairel / Evénement