Une jolie leçon de philosophie…

 

Et l’illustre Auguste Comte s’éprit d’une mijaurée…

 

Après La jument de Socrate et L’Ombre s’est épaissie, Elisabeth Laureau-Daull revient avec un nouveau livre entre biographie romancée et fiction historique, le tout agrémenté d’une jolie pincée d’humour.

 

Lui, c’est Auguste, Auguste Comte. Officiellement philosophe renommé et admiré, père du positivisme et bienfaiteur potentiel de toute une humanité bientôt béate d’admiration. Officieusement Auguste C. est un rien pénible, facilement geignard, égoïste en diable et irrémédiablement affublé d’un cœur d’artichaut.

 

Elle, c’est Clotilde de Vaux, petite chose façon Dame aux Camélias, la noblesse en plus. Toute en langueur et en ennui avec des angoisses existentielles tempérées par des ambitions littéraires et un mari percepteur parti avec la caisse. La mijaurée d’Auguste C., c’est elle. La cinquantaine approchante, le positiviste s’est brusquement épris de cette jeune femme un peu falote, basculant inexorablement dans les affres d’une passion lui ôtant peu à peu le sens commun.

 

Mais si Auguste s’enflamme la mijaurée tergiverse, hésite, refuse, se fait désirer. Le maître, lui, bouillonne se désespère et menace de se ridiculiser devant un Tout-Paris goguenard n’attendant que l’occasion de rire un peu. Alors entre l’amoureux et la languissante, surgit Caroline Massin. Elle, c’est l’épouse d’Auguste, cette vipérine femelle dont il ne veut plus. Caroline Massin, la solide, la raisonnable, qui de son pas de grenadier s’en va traverser Paris pour convaincre cette petite chose fragile de Madame de Vaux de céder enfin aux avances d’un vieux barbon aux idées parfois bien étranges.

 

Et nous voici simple lecteur, ballotté entre ces trois personnages, résistant à l’envie de rabattre les prétentions du premier, de bousculer un rien la deuxième pour mieux admirer la troisième qui n’est pour rien dans le titre de cette histoire délicieuse dont elle est peut-être pourtant le personnage central.

 

Une jolie leçon de philosophie…

 

Florence Dalmas 

Le Dauphiné Libéré / 21 avril 2024