Une ode naturaliste

Après Ruissellements, paru en 2004 Marie-Hélène Bahain continue d’explorer la nature mystérieuse des êtres, à filer le lien ténu qui les rattache à leurs semblables et au monde.

 

Dans un décor de campagne et de dénuement, L’Arbre au vent est une plongée dans l’univers secret d’un garçon attardé que le temps a laissé sur les bords de l’enfance.

Son monde de silence est pétri de questions, d’angoisses, de fulgurances, dans une communion étroite avec la nature : les porcs dont il s’occupe et qui sont ses compagnons ; les arbres dans lesquels il se fond pour y puiser leur sève et renaître à la vie.

 

Dans une langue simple, des dialogues réduits au dépouillement, avec des mots justes et une fascinante sobriété, l’auteur nous prend dans les filets de la narration.

Chacun d’entre nous est un peu « Le Bérot », dans son incapacité à dire les choses et ses sentiments, dans la relation épidermique qu’il noue avec sa mère. Son errance est la nôtre, sa sensibilité écorchée aussi.

 

L’arbre au vent porte la voix intérieure de cet anti-héros transfiguré par la force de ses sentiments.

C’est une ode naturaliste qui serait allée se perdre quelque part du côté du Lennie de Steinbeck, dans Des souris et des hommes.

 

Née dans la campagne nantaise, riveraine des berges de Grand Lieu, Marie-Hélène Bahain construit une oeuvre personnelle et intimiste qui sait toucher en nous ce qu’il y de plus profondément humain.

 

Stéphane Rouzeau / Le Courrier du Pays de Retz – Jeudi 31 mars 2005