AVEC LES INUIT DU NORD GROENLAND
140 × 220 mm, 264 pages
978-2-911438-5-23
20,00 €
Ce qui est rare dans l’aventure de Jocelyne Ollivier-Henry, c’est qu’elle porte l’exploit là où on ne l’attend pas : il ne s’agit pas d’être la plus rapide ou la première à poser le pied où personne n’est allé, mais de partager la vie de tous les jours.
Sauf que dans le district de Thule, ce village de Siorapaluk, le plus septentrional du Groenland, à 78° de latitude nord, la vie quotidienne est un défi face à une nature rude, sauvage, violente, avec quatre mois de nuit polaire, une température qui descend jusqu’à – 40° et un blizzard cinglant et imprévisible.
Les Inuit continuent de relever ce défi.
Mais comment une femme étrangère à leur civilisation peut-elle s’y adapter ?
Jocelyne Ollivier-Henry apprend le dialecte esquimau, colmate sa cahute, se bat avec son poêle, parle à sa lampe, casse des blocs de glace, pose des collets dans les collines verglacées, attrape des lièvres, en mange le foie cru, chasse les oiseaux et les fait faisander, festoie à chaque anniversaire et rit des blagues, scrute un vol d’eiders, la présence des phoques ou la dérive d’un iceberg, se penche sur son carnet, étudie la nourriture traditionnelle et note ses expériences.
« Face à l’hostilité de la nature, on est rien » répète-t-elle, mais aussi « la passion m’a toujours entraînée un peu plus loin… »
Et Jocelyne Ollivier-Henry parle du courage, de la résistance, de la bonhomie et de l’humour des Inuit.
On la surprend à développer ces mêmes qualités quand elle raconte ses apprentissages de la pêche et de la chasse sans exotisme ni exaltation.
Elle se sent bien dans cette réduction à l’essentiel – la lutte quotidienne – et les exigences du présent : Sila Naalagaavoq.
Elle nous fait mesurer comment, au travers des contraintes et des dangers, les Inuit de Siorapaluk ont réussi à maintenir une culture fière, solidaire et festive.
Cette vision est meurtrie à l‘arrière-plan par la brève évocation de l’alcool et du désespoir qui endeuillent bien des groenlandais dans les autres districts « assistés » par la civilisation industrielle.
Alors, Jocelyne Ollivier-Henry accompagne cette poignée d’hommes et de femmes qui, malgré tout, continuent à vivre uniquement de la chasse et de la pêche. Le Grand Nord ou l’exploit ordinaire.
Des récits ancrés au fil des saisons, surgissent, dans la lenteur des jours, les instants d‘incandescence de qui vit et partage son rêve. A voix haute.
Cypris Kophidès