LES VIEUX CHEVAUX TIRENT LEURS CHAÎNES
140 × 205 mm, 160 pages
978-2-911438-21-3
18,00 €
La parution de ce roman est due au hasard. Un heureux hasard.
En 1996, en effet, Jean Ollivro retrouve dans un grenier un manuscrit de son père, Édouard Ollivro, l’auteur du fameux « Picou, fils de son père », réédité par Coop Breizh en 1998. Un manuscrit qui ne fait que confirmer les talents d’écrivain d’Édouard Ollivro.
L’action se passe au début des années cinquante.
Dans la ferme de Ti-Gwern, en Perros, vivent Francis Tanguy, le propriétaire, et sa femme, Marie, Run Maguer, le journalier, et Quem, le « mével », c’est-à-dire le domestique.
En ce mois de mai, il est temps de ramasser les pommes de terre pour les expédier en Angleterre et gagner un maximum d’argent. Un rude travail qui occupe 12 à 14 heures par jour.
C’est l’époque où l’on rêve déjà d’argent, de confort, bref, d’une autre vie : Run et sa femme ne songent qu’à acheter une petite ferme et à être les patrons de leurs terres ; Monique, leur fille, pourtant amoureuse de Quem, est partie à Paris : mais, sur la mauvaise pente, elle reviendra chez ses parents ; Quellec, lui, a été embauché à l’arsenal de Brest : il pourra bientôt s’acheter une voiture, il aura une retraite…
Pendant ce temps, au village, les vieux meurent les uns après les autres.
Autant d’événements qui amènent Quem à réfléchir. Déçu par l’attitude de Monique, éprouvé par les disparitions autour de lui, il se rend compte qu’il n’a plus sa place dans cette société : « Les jeunes, par familles entières, avaient pris le train. Travailler la terre des autres leur avait paru trop pénible (…). Personne n’était plus là, désormais, pour dénicher les nids, pour faire des ricochets sur la nappe blanche des étangs »…
Un sentiment de découragement l’accable, accentué par le comportement de Run qui, pour réaliser son rêve, n’a pas hésité à voler une importante somme d’argent à une mourante. Un jour, Quem se rend donc à Lannion, où il achète un costume, une chemise blanche, des chaussures…
Va-t-il, lui aussi, quitter le pays ? On ne saurait en dire plus sur ce bon roman d’Édouard Ollivro, qui marque une époque cruciale pour la Bretagne rurale : celle de l’exode vers la ville.
Yves LOISEL