AKPARO
140 × 205 mm, 400 pages
978-2-911438-09-4
20,00 €
Un envoûtement avec « Akparo »
« Akparo » se situe entre Bretagne et Afrique autour de l’image protéiforme du sorcier.
Avec son septième roman, Hervé Carn arpente les terres du sacré, de plus en plus bafouées par notre société, avec la littérature comme ultime rempart.
Né à Fumay dans les Ardennes, Hervé Carn rappelle ses origines bretonnes avec « Akparo ». Il évoque un guérisseur de Bretagne : Louis.
Du guérisseur au féticheur
Mais son enfance dans le Finistère chez ses grands-parents maternels l’a surtout inspiré pour cette évocation d’un médecin du désordre. Il se souvient notamment de forgerons qui détenaient un certain nombre de pouvoirs pour déjouer les sorts.
En s’enracinant dans ce terreau de sorcellerie, l’écrivain souhaitait lui donner une dimension universelle et le relier à un autre continent, l’Afrique, une terre avec laquelle il s‘est aussi familiarisé . Son héros suit un cheminement initiatique en fuyant l’administration française qui ne tolère plus ses pratiques empiriques.
Mais que trouvera-t-il de l’autre côté de sa traversée comme l’indique le titre signifiant « Bonne arrivée ! » en dialecte adjoukrou ? A travers ce terme qui fait écho au « Kenavo » pour dire au revoir chez les Bretons, il retrouve un mot perdu, la clé pour entrer dans un autre monde. Si un lien spirituel s’établit entre le rebouteux français et le féticheur africain, le premier nommé accomplit aussi son dernier voyage guidé par une femme, ambassadrice de la mort.
La disparition du sacré
Cette parabole suggère la disparition du sacré dans notre société bureaucratique : « A travers sa disparition, c’est la mort d’une certaine manière de vivre primitive », déclare-t-il en se souvenant de la faillite économique de la vallée de la Meuse durant sa jeunesse et de la situation actuelle dans l’autre région française où il s’est installé avec les problèmes de pollution, la misère des paysans et la dégradation du cadre de vie.
Par son ton picaresque, la truculence du protagoniste principal, mais également des Africains, son roman reste néanmoins joyeux. Il baigne également dans une ambiance mystérieuse, parfaitement adaptée à l’histoire.
Auteur de plusieurs recueils de poésie, Hervé Carn garde cette veine poétique jusque dans sa prose fonctionnant sur les allusions, les métaphores, ce mystère même, objet d’une chasse aux sorcières par nos contemporains.
« J’ai beau être le plus explicite possible, quelque chose résiste, ce que les romanciers ne maîtrisent jamais dans un roman. Ce côté inachevé doit être clôturé par le lecteur », explique cet admirateur de Julien Gracq, Georges Bataille, Bernard Noël, Georges Perros mais aussi Alexandre Dumas dont l’un des personnages, le vicomte de Bragelonne, qu’il cite, lui paraissait le double de Louis dans sa trajectoire vers l’au-delà : « Ce n’est pas seulement le rituel mais aussi la littérature qui nourrit son regard ».
En ce sens, la littérature demeure la dernière gardienne de cette magie de vivre et d’éprouver des sensations, loin des dogmes du cartésianisme. « Akparo » participe à cet envoûtement.
Fabrice Littamé
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